Mon jardin : il
n'est pas un clos. Il n'est pas clôturé. Pas de
haie. Il est ouvert à tous et à tout.
C'est un jardin-potager,
abandonné depuis 15 ans, que j'ai acheté.
HORS & HORTUS
Le mot latin «HORTUS»
(jardin) a dévolué vers «HORS» dans
la langue française.
Les jardins étaient
au dehors - hors les murs - des villes et bastides médiévales,
souvent dans une plaine d'inondation comme le Marais de Paris
et Le-Tour-du-Pré
& L'Entre-deux-Eaux de la ville du Noble-Val,
dont seulement des vestiges de remparts survivent.
L'ÉTRANGER
est au dehors...outre...et
moi, je suis étranger et - en outre - outré.
Le premier jardin, l'Éden légendaire, n'était
pas hors, mais il était bien sûr sauvage. Comme
moi aussi, et farouche.
Le jardin honnête,
c'est le jardin
sauvage. Les autres sont des construits meurtriers.
Le mot jardin
est germanique - apparenté à garde et gardien
(le G dur s'amollit à J selon les lois philologiques)
et ward/guard en anglais. Le W germanique, comme le V
latin, devient souvent le GU ou le G dur en français
: warden > gardien ; vespa > guêpe.
Dans la langue
qui ne m'est pas maternelle, la langue du seul pays européen
d'une démographie typique sans (hors) villes (des immigrés
nordiques ou normands, anglais ou huguenots), sans (hors) villages,
le mot latin (hortus) est emporté comme GORT (selon
les lois philologiques le H devient rapidement G, comme en langue
russe) - ce qui est un petit champs arable, ou potager : c'est
à dire hors jeu pour les bestiaux dans cette île
au bout du monde occidental, hors l'Empire romain, au delà
de la Finis Terra, sous le règne du Taureau - l'ile du
coucher du soleil, tirant sont nom, comme la Suède, pour
une déesse beaucoup plus subtile que les dieux rigides
des pauvres monothéismes...la déesse Éire,
aspect charnel-tellurique de la triple-déesse lunaire...
Dans le Jardin
d'Éden
la femme n'avait pas grande envie de manger la pomme...
ou la grenade...ou la figue -
mais l'homme, gonflé et obèse de son testosterone,
pris d'une de ses crises journalières de sadisme -
c'est à dire de désir du pouvoir absolu -
l'y avait contrainte,
en la battant d'un serpent rembourré
de figues pourries, ou d'une galantine
des testicules de son père-dieu poilu.
C'est hors les
murs - et sans murs....
...avec de belles vues de l'amphitéâtre de falaises
et de collines qui entourent Saint-Antonin-Noble-Val, percées
par deux rivières : l'Aveyron et la petite Bonnette,
qui sont ici les limites du Rouergue. L'autre côté
de la Bonnette, c'est le Quercy ; sur l'autre rive de l'Aveyron,
on est dans l'Albigeois.
Un
jardin-potager dans le 'marais' de Saint-Antonin-Noble-Val,
anciennement le jardin des Célestines, qui s'appelle
Le Tour du Pré (anciennement les Jardins de la Porte
du Pré). Dans les années 1930-1970 on a construit
quelques villas sur les terrains potager, surtout aux bords
des routes, mais il existe encore une bonne douzaine, dont quelques
abandonnés - comme le mien les dernières vingt
années..
Le puits n'est
plus qu'un trou boueux. J'ai bèché un peu, mais
je vais le laisser petite mare (ou plus) en hiver-printemps,
et trou boueux en été-automne.
Aujourd'hui j'ai
67 ans. Je suis solitaire. Donc je ne gaspillerai pas beaucoup
d'effort en travaillant la terre. La vie c'est pour vivre, pas
pour labourer. Et j'aime les jardins sauvages - comme le petit
réfuge de blaireaux que j'aménage en Irlande du
Nord, où, parmi les ajoncs et les sureaux, j'ai planté
des arbres, dont quelques du Chili qui adorent le climat irlandais.
La plupart des
jardins et des potagers me semblent trop artificiels, trop labourés,
nocifs et 'contre-nature'. Je vais laisser mon potager (9 x
40 m) plus ou moins comme il est - avec des ronces et des herbes
dites mauvaises - en plantant des arbres fruitiers (greffés
par le génial Christian Mercadier de Laguépie)
en Quinconces irregulières.
La terre est bonne
et bien humide,. Aujourd'hui j'ai commencé à bècher
les trous pour :
un nèflier
un plaqueminier
un cognassier
un 'pommier sauvage' Malus 'Evereste'
un abricotier
deux pruniers (très tôt et très tard)
deux cérisiers précoces ('Blanchard' & 'Moreau')
trois pommiers (dont 'Violette' une variété très
ancienne)
un amelanchier (qui ne produit pas les amelanches, mais les
baies d'amelanchier)
un amandier
ainsi qu'un gaspillier (Vitex agnus-casti)
que plantaient des moines dans leur jardins monastiques, dont
les fruits tempéraient le testostérone. (Quelle
bonne idée!)
On ne cultive
plus le prunier de Saint-Antonin, qui survit comme vieux arbres
fatigués, plantés jadis le long des chemins, autour
des fermes, ressurgis parfois dans quelques anciennes pâtures.
La petite prune Anthony a une peau de velours, d'un violet-bleu
dans son ovale parfait. Par dessiccation du fruit juste mûr,
au soleil d'abord, finition au four tiède, dans les banastes
en osier, elle donne un petit pruneau ridé, celui dont
les habitants du coin faisaient commerce (dès le XIVe
siècle) par voie fluviale et maritime, jusqu'en Angleterre
et aux Pays-Bas.
LE 5 OCTOBRE DÉJÀ
J'ai brulé
trois-tiers du jardin, où poussaient des ronces et des
éfusains communs. Malheureusement, j'ai effarouché
plusieurs serpents qui fuyaient le camp. J'espère qu'ils
rentreront dans leurs petits trous.
LE 22 NOVEMBRE
L'ancienne institutrice
charmante et douce m'a dirigé vers un autre Monsieur
Mercadier, celui du Causse du Bosc. Sur son terrain il y a plusieurs
pruniers de Saint-Antonin.
Il m'a gracieusement permis de prendre quelques drageons, que
j'ai planté dans mon jardin écologique.
Et du Conservatoire
des Arbres-Fruitiers â Montesquieu dans le Lot-et-Garonne,
pas loin de Moirax
j'ai acheté
un prunier de Saint-Jean, aux petits fruits ronds, quelquefois
jaunes,
qu'on mange déjà mi-Juin : Walpurgispflaume, Midsummer
Plum.
LE 24 DECEMBRE
J'ai élagué
tous les arbres que j'ai planté, pour qu'ils pousseront
mieux sur leurs racines coupées.
J'ai sous-planté
des bulbes d'ail sauvage, de jacinthe des bois, de lys des Pyrénées,
ainsi que des petites plantes de pervenche (3 variétés),
une grande campanule (1,5 m), des digitales pourprées,
une agastache, de la buglosse toujours-verte, des menthes (4
variétés), de la marjolaine sauvage, geranium
pratense aux fleurs roses, bien envahissante, etc. -
dont quelques emportées de mon jardin irlandais, devenu
jardin
sauvage
- avec des milliers
de graines de plantes sauvages ou robustes (comme le volubilis
et la colombine : aquilège, ancolie, éperonnière,
cornette, gant de bergère, gant de Notre-Dame,
manteau royal...).
AVRIL SUIVANT, 2008
les arbres ont
commencé à fleurir : l'abricotier d'abord. Il
pleuvait beaucoup, souvent fort. Le puits est devenu un petit
étang. J'ai semé encore de graines de plantes
sauvages. Les ronces commencent à repousser partout dans
les deux tiers du jardin que j'ai incendiés octobre dernier.
Je les laisse.
SUR MA MAISON EN
VILLE
ma clématite
a fleuri à grand spectacle et à beau parfum. Chaque
jour quelqu'une (quelquefois quelqu'un) me demande ce qu'elle
est comme plante.
Clematis armandii.
Le 21 juin, les trois poires Épine du Mas. Au
fond, à droite, l'Abricotier
dont les quatres abricots étaient abolis par une grêle
extraordinaire à la fin de mai.
Partout l'euphorbia,
le chien-dent, le liseron et les ronces - parmi autres.
Je les coupe un petit peu (à faucille). Des milliers
de graines de fleurs sauvages que j'ai semées,
seulement quelques coquelicots - et des capucines qui sont d'une
espèce exotique.
Le P indique
le plaqueminier - qui ne pousse pas bien...
L'amandier, non plus. La terre est-elle trop lourde/humide pour
ce dernier ?
Mais où
sont le volubilis et la colombine, etc.?
J'ai vu un beau
couleuvre (?) dans mon 'puits' qui est plutôt une petite
mare.
J'espère que mon verger reste toujours un refuge de vipères.
A l'Inde, seul
pays de miracles qui reste (?), on gagne du mérite spirituel
en nourissant des animaux dits 'nuisibles' par les consciences
dégénérées.
Le seul animal nocif, c'est la bête humaine.
Premier juillet.
Je pars en Irlande.
Mon petit verger va rester entre les mains divines de la nature
météorologique.
LE 13 SEPTEMBRE
2009
Revenu de l'Irlande
(où il a plu tous les jours pendant deux mois) la fin
d'août,
je trouve le Quercy-Rouergue très sec, après deux
mois presque sans pluie.
Mon verger, néanmoins, n'est pas si triste. Arrosé
une fois seulement depuis
mon départ, tous les petits arbres ont survécu,
à cause du niveau haut de la nappe phréatique.
La sècheresse
continue. J'en profite en fouillant petit à petit le
trou sec qui a été, il y avait une fois,
un puits. Je vais essayer le cuveler...[sans succès]
PRINTEMPS 2010
Un printemps tardif
et extraordinaire. Les plantes de fèvrier (Forsythia)
sont en fleurs
en même temps que les Prunus, les pommiers, les poiriers
- les lilas et les glycines!
Voici mon Malus
x 'Coccinella', 'pommier-sauvage' qui n'est pas le
M. x 'Evereste' que je pensais d'avoir acheté!
PRINTEMPS 2011
Un printemps subit
: la température est tout à coup montée
pendant dix jours.
Voici le cognassier en fleurs, le pommier-sauvage à gauche
-
et les falaises d'Anglars au fond.
PRINTEMPS 2014
Le plaqueminier
- enfin - commençait à bien pousser...
...et le néflier
continuait lentement.
Les pommiers sauvages fleurissent à couper le souffle.
Mais les arbres fruitiers ne sont pas tous les mêmes que
j'ai plantés au début:
l'abricotier est
mort;
le poirier a beaucoup souffert et je l'ai transplanté
dans un potager voisin
où il a bien repoussé;
j'ai remplacé les deux petits cerisiers faibles
avec un plus fort - 'Summit' - autofertile et plus apprécié
pour le goût de ses fruits,
et avec un beau nectarinier que j'ai planté un jour de
janvier
ignorant que la lune était nouvelle.
Il reste sans feuilles, mais peut-être pas mort...
Voici La Condamine au delà du verger, des autres
jardins-potagers et la Bonnette.